Carte aux Trésors

Hypnose et processus créatif

L’autre jour, je donnais une interview dans le cadre d’un partage d’expérience entre hypnose et musique. Nous étions dans le jardin d’une amie, près d’une grande maison toujours pleine de vie. Parmi les habitants, Gaëtan, un jeune homme de 17 ans au regard vif et attentif qui gravitait autour de nous depuis le début de l’après-midi.

Quelques minutes après la fin de l’interview, nous avons commencé à échanger avec Gaëtan. Il m’a parlé d’un projet qui l’animait, l’écriture d’une nouvelle fantastique. Déjà très avancé dans sa démarche artistique, il recherchait des moyens de s’immerger pleinement dans l’univers dans lequel allait prendre place son histoire, il me décrivait alors quelques paysages, quelques souvenirs de vacances dont il voulait s’inspirer… À un moment, il évoqua une difficulté dans son processus créatif. En effet, il voulait pouvoir dessiner une carte cohérente de son monde imaginaire, notamment du point de vue de sa géopolitique, on le sentait très motivé.

Comme le sujet de l’hypnose avait déjà été évoqué, je lui demande s’il a envie de voir ce que sont inconscient peut créer. Il accepte avec enthousiasme et nous nous installons. Je commence alors en lui demandant s’il a déjà vécu une lévitation de la main ( je lui montre avec la mienne, j’évoque les sensations ), il me répond que non et j’en profite pour lui demander s’il serait étonné de vivre une telle expérience dans quelques minutes… Il acquiesce alors avec un sourire.

Nous prenons un cahier, un crayon et je l’averti qu’à un moment sa main pourra écrire, dessiner sur la feuille mais que pour le moment, nous poserons le crayons à côté et que je lui placerai dans la main seulement lorsqu’il sera en transe. Enfin, je lui explique qu’avant ça, nous allons faire quelques expériences hypnotiques.

Le cadre est posé, l’intrigue a pris place, ne reste plus qu’à plonger dans l’histoire…

Début du voyage

Confortablement installé, je lui demande de placer sa main devant lui en prenant soin de garder le coude près du corps. Je l’invite à fixer un point dans sa main, à prendre trois grandes inspirations et à mettre toute sa concentration afin de supprimer les mouvement de sa main… Quelques secondes passent, il sourit en voyant les premiers mouvements incontrôlables dans ses doigts, je ratifie, j’accompagne et je suggère que la main entre dans un état d’hypnose, qu’elle va commencer à être attirée par le visage et que lorsqu’elle touchera celui-ci, il pourra entrer dans un profond état d’hypnose et voir un paysage de son monde imaginaire. De plus en plus, sa main puis son bras puis son coude se rapprochent du visage, accélèrent, les paupières clignent nerveusement et… “Piioouuuufff…….”.

Le voyage commence…

Une plage de galets, un lac, des montagnes, le bruit du vent dans les arbres et les premières sensations physiques… Il est dans la peau d’un voyageur, on fait les présentations, et puis on avance dans l’intrigue, il prend la direction d’une école, une école de la voix, un endroit d’allure sobre et en même temps plongé dans une atmosphère étrange et mystique. Il passe quelques épreuves, on lui donne une chambre dans laquelle l’attend un objet bien particulier… un Atlas du monde dans lequel il se trouve… Il prends le livre, examine la reliure, et commence à tourner quelques pages… Il observe les cartes, j’en profite pour lui glisser dans la main le crayon qui attendait. Elle commence alors à tracer une ligne, puis deux… Étonnamment, même les yeux fermés, les lignes se rejoignent aux bons endroits et correspondent à ce qu’il regarde dans l’Atlas à un autre niveau. La main continue d’écrire de manière automatique, un mot, une autre zone de la carte, des symboles, des montagnes et une flèche qui semble indiquer l’emplacement de l’école. Je suis fasciné.

Retour et apprentissage

Au bout d’un moment il me dit qu’il est fatigué et qu’il va aller se coucher sur le lit, je lui suggère qu’en fermant ses yeux sur ce monde, il pourra les rouvrir sur un autre monde bien différent. Je le regarde se réveiller, un sourire sur le visage et puis nous regardons ensemble les formes et les lettres. Il s’étonne, il avait l’impression que la main bougeait sur place, il ne reconnaît pas complètement son écriture, “ce n’est pas ma manière de faire les ‘R’… et ce ‘A’, on dirait plutôt la lettre grecque ‘delta’… tu penses que ça a un lien avec le delta de mer que j’ai tracé ?!”. J’évoque alors Tolkien et la manière dont il avait d’explorer la “Terre du Milieu”, davantage comme un historien ou un voyageur que comme un auteur. Nous nous émerveillons.

A la fin, j’ai pris le temps de lui montrer que son inconscient avait appris à entrer en transe. Un regard dans la main, elle se rapproche et… piiooouuufff… Je l’ai laissé expérimenter quelques minutes. A partir de maintenant, il pourra le refaire seul en Auto-hypnose pour aller retrouver le voyageur, l’école, l’Atlas…

Cette histoire est une belle illustration d’un adage bien connu du “milieu” de l’hypnose thérapeutique: “La carte n’est pas le territoire”. Au final, à chaque expérience hypnotique, à chaque histoire, on trace quelques traits sur le papier de notre conscience, on en observe avec étonnement les formes, on s’émerveille et on les range avec soin dans l’Atlas de nos mémoires… Au fur et à mesure des années, l’expérience se forge, l’Atlas s’épaissit et; en le regardant, le voyageur commence à sentir l’immensité de cette vérité… du territoire qui sommeil en lui…

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