Une séance d’hypnose déstabilisante

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Il y a quelques jours, j’ai fait une séance arrêt tabac. Des séances pour arrêter de fumer, j’en fais énormément, cela représente surement quelque chose comme 60% de mes consultations.

J’adore ça, je m’éclate vraiment. Dès qu’il faut jouer avec la pseudo-logique, amener à des prises de conscience, proposer des recadrages éclairants où ton partenaire te dit « ah, je n’avais jamais vu ça comme ça », c’est presque jouissif. Comme une joute dans laquelle il n’y aurait que des gagnants au final.

Et forcément, plus je fais ce type de séance, plus j’emmagasine des informations, des façons de voir et de penser… et plus j’ai de répondant et de matière à opposer.

Une séance d’hypnose pas comme les autres

C’était sans compter sur Mme Myriam… Madame Myriam est chirurgien pédiatrique. Mme Myriam, comme beaucoup, est venue pour arrêter de fumer. Mme Myriam, comme tout le monde, s’est assise dans le fauteuil. Puis Mme Myriam, comme tous mes partenaires, a commencé à m’écouter. Ensuite ? Mme Myriam n’a pas du tout fait comme toutes les personnes que j’accompagne…

Très attentive, très à l’écoute et une expression souriante sur le visage.

Et c’est tout.

Dit comme ça, ça à l’air très bien. Mais ça ne l’est absolument pas, parce que, que l’on soit en séance d’hypnose ou en discussion classique avec n’importe qui, nous sommes habitués à avoir une réponse en face. Réponse verbale, non-verbale ou para verbale. Là, il n’y avait rien. Mme Myriam était figée dans son attitude très attentive, très à l’écoute et une expression souriante sur le visage. Absolument aucun retour de quelque sorte que ce soit. Pas d’acquiescement, pas de moue dubitative, pas de froncement de sourcil, pas de regard qui passe en mode focalisation interne quelques secondes pour digérer une information, pas de oui ou de non, pas de haussement d’épaules, pas de modification du rythme respiratoire, une immobilité totale… et même pas d’état d’hypnose. Juste très attentive, très à l’écoute et une expression souriante sur le visage.

Et j’ai commencé à bafouiller, à chercher mes mots, à inverser certaines étapes d’un processus que je connais par cœur.

Complètement déstabilisé, car je n’étais plus totalement concentré sur ma partenaire, j’étais passé en dialogue interne à me demander si je faisais les choses bien, si j’étais clair, s’il y avait un problème. J’ai instinctivement repris une mauvaise position pour parler sur laquelle je travaille et qui commençait à porter ses fruits (Paul Buresi pourra vous en parler ^^) et puis je respirais moins bien donc un léger essoufflement s’est installé. Je me sentais en équilibre, prêt à tomber.

Crédit photo : Photo by Loic Leray on Unsplash

Tout est normal dans une séance d’hypnose

C’était mal parti pour cette séance si je ne réagissais pas. J’ai donc échangé sur des petits points sans importance avec ma cliente pendant que je remettais de l’ordre à l’intérieur de ma tête et de mon corps (merci l’autohypnose) puis je me suis souvenu de sa profession : chirurgien pédiatrique. Et en tant que chirurgien, Mme Myriam a l’habitude d’être extrêmement concentrée et focalisée, elle a une maitrise parfaite de son corps et de ses émotions (pendant les opérations chirurgicales) et elle a certainement développer une certaine capacité à apprendre et à engrammer les informations très rapidement et efficacement.

Et ce que mes déductions étaient vraies ? Aucune idée, mais ça a paru logique et probable à mon cerveau et par conséquent, ce qu’il se passait-là était totalement normal… Tout est normal. J’ai donc pu reprendre plus sereinement le cours de ma séance.

La partie transe hypnotique ? Toujours la même attitude, mais avec les yeux fermés, aucune réaction lisible.

Ce qu’elle m’a dit après la séance ? « C’était violent… le passage dans la voiture, j’ai eu une énorme nausée à la limite de vomir, vous devriez prévoir un haricot au cas où »…

On ne le répètera jamais assez : TOUT EST NORMAL.

Cette séance m’a fait du bien, j’ai encore appris.

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