L’insomnie et ses caprices

Je me présente, Julie Lynn Tessier, hypnologue installée à Saint-Eustache, Québec.  J’ai eu l’occasion de rencontrer les membres de l’Académie Épione lors des formations technicien et praticien à Castres en 2019.  Je suis également formée à l’EFPHQ comme praticienne en hypnose et détentrice d’un baccalauréat en Sc Humaines à l’Université de Montréal.  Je suis en relation d’aide depuis plus de 25 ans dans ma communauté.   Ma pratique en cabinet a explosé depuis le début de 2020, mais le contexte actuel de la pandémie m’oblige à ralentir la cadence de rencontres en présentiel et redoubler l’effort mondial à limiter la propagation dudit virus.  Nonobstant, l’hypnose demeure une passion et je passe par tous les moyens pour enseigner, partager et faire découvrir le pouvoir du subconscient.  Voilà pourquoi j’ai accepté avec plaisir l’invitation d’écrire un article pour la Voix d’Épione. Merci Jérémy Doyen pour l’opportunité !

insomnie et hypnose (Académie Epione)
Insomnie et Hypnose (Académie Epione)

Sans être d’aucune prétention experte dans le domaine du sommeil, j’ai acquis une expérience suite à plusieurs demandes pour l’insomnie en cabinet.  Malgré moi, je suis plongée directement dans la problématique en question et j’ai remarqué plusieurs similitudes dans mon approche et j’ai continué de m’intéresser et d’approfondir ma compréhension sur le sujet.  Je vous présente une conception de l’insomnie présentée par Tim Box qui vise à aider véritablement les gens à retrouver le sommeil et surtout d’en comprendre les caprices insomniaques…

Au début de ma pratique, l’anamnèse de mes clients se centrait autour de leur routine du sommeil ; le temps d’écran avant le dodo ? Lumière bleue ? Jeux vidéo ? Travail en temps supplémentaire ? La température de la chambre à coucher ? Lecture ? Brosser les dents ? Trop de sucre ? Un petit café après le dîner ??  Bref, tous les facteurs externes qui pouvaient possiblement influencer le sommeil et s’endormir rapidement.  J’ai réalisé assez speed que la routine qui précède le sommeil était un facteur minime à prendre en considération quand il vient le temps de s’endormir. 

Par exemple, il y a de ces personnes qui arrivent à dormir dans les pires conditions, avec toute sorte de bruits, d’odeurs, d’inconforts ou voir même des conditions climatiques poussées à l’extrême. Juste à penser aux itinérants qui arrivent à dormir par un froid sibérien sur un banc de parc, l’enfant qui s’endort paisiblement et profondément sur le lit étranger lors de la fête inlassable de l’oncle tonton ou le soldat qui dort en mission loin de son lit.

La chose que je constate pour certains, c’est que peu importe les conditions au moment du coucher, le sommeil est inévitable tandis que pour d’autres, même avec une routine impeccable au coucher, le sommeil demeure la hantise jusqu’au lendemain.  Pourtant, on a tous l’idée de ce que c’est une bonne nuit de sommeil. Et même si ça fait très longtemps que nous avions eu une bonne nuit de sommeil, le subconscient le reconnaît.  Donc, je déduis que le fil conducteur qui induit la somnolence vers le sommeil  ne serait pas tant relié à une bonne hygiène, mais plutôt à la capacité de mettre de côté tout ce que l’on peut mettre de côté et de penser à toute autre chose de plus confortable voir même insignifiant.

Et j’ai longtemps pensé que je devais faire de longues inductions de type Éricksonienne pour apprendre à se relaxer, de faire connaître la transe profonde afin de provoquer le sommeil et tenter d’encourager le subconscient à associer les signes les plus subtils à retrouver cette sensation de basculer vers les bras de Morphée… Surprise, on a pas besoin de faire cela ! Car on le sait déjà tout ça et ce, depuis notre tendre existence dans le ventre de notre maman. C’est acquis.   Même pour quelqu’un qui arrive au cabinet et qui me dit qu’il n’a jamais bien dormi de sa vie…. Eh beh… Oui vous avez déjà bien dormi, c’est que vous vous souvenez plus de ce que c’est bien dormir…

En fait, je n’accorde pas d’attention sur la partie du cerveau qui cherche désespérément à s’endormir.  Je cherche plutôt la partie qui fait autre chose que de dormir quand il devrait dormir.  Intéressant ?

Et on sait quand il commence à faire noir et qu’on approche l’heure du sommeil, notre corps se met à produire naturellement de la mélatonine, une hormone sécrétée par la glande pinéale située dans le cerveau qui contribue à maintenir le rythme veille-sommeil aussi appelé l’horloge biologique. Et le secret ici enfin dévoilé, c’est que le problème n’est pas la libération de la mélatonine lors du dodo, mais plutôt l’excès de production de cortisol. Le cortisol est l’hormone du stress. Et c’est l’ensemble de vos pensées que vous avez ou de vos actions que vous faites qui vont créer du cortisol au moment du sommeil et deviendront un réel problème quand vient le temps de s’endormir.

Que ce soit de s’inquiéter de la réunion du lendemain, de ce que vous avez dit à votre ami, de la maîtresse cachée dans le placard,  du prochain projet de rénovation à la maison, de l’organisation et planification du prochain week-end, des inquiétudes pour des questions de sécurité ou de santé, la sensation désagréable liée à une douleur ou que vous devez simplement être  attentif et vigilant à un nouveau-né ne sont que quelques exemples évoqués par mes clients et ce sont tous des exemples d’une production active de cortisol au moment de l’endormissement.  Le subconscient se met en mode éveil pour tenter de survivre à la menace évoquée. Magie !!! On parle alors d’insomnie !

Mon rôle en tant que thérapeute est d’ignorer l’habileté de s’endormir la nuit, car inévitablement la nuit arrive. Et ouiiii, vous allez produire de la mélatonine même si vous avez été reconnu pour en produire en faible quantité.  Selon plusieurs spécialistes, cette quantité s’avère suffisante pour s’endormir et lorsque ça ne vient pas, c’est que vous êtes en train de faire quelque chose qui est en train de produire du cortisol et fait rouler les hamsters de la boîte crânienne alors le mental se remet en mode activation au lieu de s’arrêter et de se mettre en mode veille. Lorsque nous arrêtons de ruminer, c’est à ce moment précis qu’on tombe endormi. Et souvent, lorsque je demande à mes clients, quelle est la toute dernière chose dont ils se souviennent avant de s’endormir, la réponse est assez unanime : rien !  Aussitôt que nous cessons de faire, c’est le moment opportun du sommeil et naturellement, on s’endort. On ne s’endort pas en essayant de dormir, le sommeil arrive quand on arrête tout le reste.  Donc je suis toujours curieuse de connaître ce en quoi le subconscient de mon client s’engage comme activité autre que celle de permettre le processus naturel du sommeil.

Mon père me disait souvent quand j’étais gamine, lorsque je n’arrivais pas à trouver le sommeil : “Retourne te coucher, compte les moutons et pense à des trucs agréables… Tu verras que tu vas t’endormir avant même que tu t’en aperçoives” et c’est probablement le meilleur conseil que je peux donner à mes clients, car ce que mon père était réellement en train de me dire c’est que pour dormir, dépose ta tête sur l’oreiller et arrête de faire tout ce qui créer une réponse au stress, la mélatonine dans ton système va très bien fonctionner pour toi et c’est de cette équation que je travaille avec mes clients.  Donc je vais ignorer la routine du sommeil, je vais ignorer le fait de leur apprendre à dormir ou à éveiller la partie qui veut dormir, je vais ignorer les caprices de l’insomnie et je vais plutôt travailler sur la partie qui doit stopper d’interrompre le processus naturel du sommeil.

Alors voilà !  Bonne nuit. Super simple, super efficace !

Julie-Lynn Tessier

Hypnothérapeute à St-Eustache, Québec (https://www.hypnose-st-eustache.com/)

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