7 choses que j’aurais aimé savoir quand j’ai commencé l’hypnose

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L’expérience est une lanterne que l’on porte sur le dos et qui n’éclaire jamais que le chemin parcouru.”

Confucius

Si on prend cette suggestion au pied de la lettre, on peut s’interroger sur la valeur de l’expérience. Je dirais que dans la vie, on repasse régulièrement par le même chemin. Et chaque passage apporte un peu plus de lumière.

La vraie question, c’est comment transmettre cette expérience à ceux qui sont derrière nous? Et pourquoi? Les conseils et les avertissements n’empêchent pas de faire sa propre expérience. Ce sont des balises, comme des panneaux qui indiquent une direction. Ils n’empêchent pas de se perdre mais ils permettent de retrouver son chemin.

Je vous propose une petite liste de choses qu’on m’a dite mais que j’ai dû expérimenter pour vraiment les comprendre. J’espère qu’elles vous feront gagner un peu de temps.

1- Personne ne connait la nature de l’hypnose

Si vous demandez à n’importe qui de définir l’hypnose, vous obtiendrez des réponses floues: état modifié de conscience, connection avec l’inconscient. Mais si vous demandez ce qu’est la conscience, en quoi son état est modifié, ou ce qu’est l’inconscient, vous ne rencontrez que le vide.

L’hypnose ne peut se définir que par son utilité. C’est comme quand j’utilise mon ordinateur: je sais comment l’utiliser pour obtenir un résultat, mais je n’ai aucune idée de ce qui se passe à l’intérieur.

Je ne peux connaitre que ce qui se passe à l’entrée et à la sortie. Entre les deux, c’est un grand mystère.

Les théories de l’hypnose et de l’inconscient sont des représentations. Pour arriver à se représenter les choses, on a besoin de les limiter, de les personnifier, de leur donner une forme graphique.

Mais il ne faut pas confondre l’image avec ce qu’elle représente.

Quand un sujet ne répond pas aux théories générales, c’est que les théories sont incomplètes par nature. On réapprend à chaque séance.

2- On ne peut pas aider tout le monde

Ca paraît évident et pourtant, c’est difficile de lâcher prise à ce niveau. Il faut un certain nombre d’échecs et de frustrations pour passer d’une compréhension intellectuelle à une connaissance pratique: il y a des gens qui ne veulent pas vraiment résoudre leurs problèmes, parce qu’à un certain niveau, ils ont besoin de leurs problèmes. Parfois ce n’est pas le bon moment. Parfois, c’est une question de compatibilité. Souvent, la complexité de la demande dépasse nos compétences.

Il y a aussi des cas désespérés. En fait, la plupart des gens n’arrivent pas à résoudre leurs problèmes.

L’humain n’est pas un ordinateur qu’on peut programmer. Certains déterminismes sont trop solides pour être dépassés. Même si ce qu’on fait fonctionne la plupart du temps, ça représente des exceptions par rapport à la moyenne des gens.

Avec le temps, on apprend à se frustrer de ne pas pouvoir aider tout le monde, et à se concentrer sur les personnes qu’on peut vraiment aider.

3- La bienveillance est surévaluée

En séance, les gens se comportent comme des enfants. Ils ont besoin d’être cadrés et dirigés. Ils ont besoin de ça pour trouver leur autonomie. Et certains sont plus capricieux que d’autres. Le client qui déplace systématiquement les rendez-vous à la dernière minute, celui qui veut renégocier le prix, qui arrive en retard, la cliente qui te fait des avances ou qui envoie des messages à 10 heures du soir, celui qui te rend responsable de ses échecs.. On n’est jamais obligé d’accepter ça.

On doit faire de son mieux, mais les clients sont des clients. Ce ne sont pas des amis ni des membres de la famille. Chacun est responsable de lui-même.

Souvent les gens ont besoin qu’on les mette face à leurs contradictions et à leurs émotions. Certains ont juste besoin de vérifier qu’on est capable de leur dire non. Dans des cas de résolution de trauma, le client a besoin d’être sûr qu’on est capable de les voir souffrir sans être perturbé.

Dans l’accompagnement, la résistance à la souffrance d’autrui est fondamentale.

4- En hypnose, la communication est contextuelle

Ce qui était vrai lors de la séance précédente peut être faux à la séance suivante. Les gens réinterprètent les choses en permanence, ils redéfinissent leurs attentes et leurs objectifs d’une séance sur l’autre. La pensée est flexible, elle évolue en permanence. On doit écouter ce que les gens disent sans le prendre pour argent comptant.

En fait, d’une certaine façon, les gens mentent. Sans en avoir conscience, ils essayent de présenter une certaine image d’eux-mêmes, à maintenir un minimum d’estime personnelle.

Il est nécessaire d’avoir du recul sur les informations qu’ils transmettent. C’est un exercice difficile: écouter attentivement sans prendre les choses au premier degré. Les gens ne parlent jamais de ce dont ils parlent, en fait. Quoi qu’ils disent, ça parle d’eux.

Mais ce serait tomber dans un piège que de croire que ce qu’ils disent ne vaut rien. Les gens ont besoin d’être écoutés. Leur permettre de s’exprimer librement est plus important que toutes les suggestions qu’on peut leur faire.

5- Tout est une suggestion

En hypnose, tout ce que vous dites est hypnotique. Tout ce que vous ne dites pas est hypnotique. Quand la personne entre dans le cabinet, elle est en hyper-vigilance par rapport à tout ce qui se passe. La personne sait qu’elle a affaire à un hypnotiseur et quelles que soient ses représentation de l’hypnose, elle est convaincue qu’on va essayer de la manipuler.

Dans ce contexte, tout ce qu’on dit et tout ce qu’on fait est amplifié. Les questions qu’on pose, nos gestes, nos postures, le ton de notre voix, la position du fauteuil, l’atmosphère de la pièce, même la couleur de nos vêtements deviennent des suggestions.

La moindre micro-expression, le moindre micro-mouvement devient important.

C’est-à-dire que, d’une certaine manière, cet empilement de suggestions inconscientes et involontaires a plus d’impact que les suggestions verbales et formelles.

Ca demande un travail de lâcher-prise de la part du praticien, pour ne pas tomber dans le piège de vouloir contrôler tout ce qu’on fait. Il y a énormément d’éléments qui ne dépendent pas de nous. Il faut l’accepter.

6- La résistance est la raison d’être de l’hypnose

Le client peut résister à l’induction, il peut résister aux approfondissements ou aux phénomènes hypnotiques, ça n’a pas d’importance. S’il n’y avait pas de résistance, on ne servirait à rien. C’est important de savoir le rassurer et se rassurer soi-même par rapport à ça. Dans ces cas-lâ, j’ai toujours en tête la méta-suggestion de Jérémy: Tout est normal.

On n’obtient pas toujours les résultats espérés, c’est normal aussi. C’est presque une norme dans tous les domaines de la vie: les choses prennent plus de temps que prévu. On n’a jamais envisagé tous les obstacles. La notion de thérapie brève correspond à une moyenne. Tout le monde n’a pas le même rythme et chaque personne, chaque situation est un cas particulier.

A ce niveau, les attentes du praticien peuvent être aussi problématiques que les attentes du client.

7- Tout est une question de disponibilité

La différence entre une bonne séance et une séance pourrie, c’est le niveau de disponibilité du praticien. Ca peut se mesurer facilement avec le niveau de motivation qu’on a juste avant la séance, ou avec le niveau d’écoute qu’on a pendant l’entretien préliminaire. Si je parle plus que le client, ça veut dire que je ne suis pas vraiment disponible. Ca ne se décide pas. On peut développer sa disponibilité jusqu’à un certain point en travaillant sur son équilibre personnel mais il y a toujours des moments où on a la tête ailleurs. Dans ces cas-là, je recommande de passer rapidement à l’hypnose formelle et à travailler avec un protocole, pour limiter les interférences. Ce n’est pas l’idéal, mais il vaut mieux un protocole maîtrisé, exécuté en pilotage automatique plutôt que de saboter la session parce qu’on a l’esprit parasité.

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