« Les jeux vidéos, je n’aime pas ça”
Il y a peu, lors d’un joyeux banquet à la fin d’un séminaire sur l’hypnose, une personne qui était à table non loin de moi a rebondi sur une conversation que tenaient deux amis sur les jeux vidéos. Cette personne, l’air contrarié, s’est exclamée : « Les jeux vidéos, je n’aime pas ça. Je n’y ai jamais joué, mais je sais d’avance que je n’aimerais pas ».
J’ai trouvé ça triste.
J’ai trouvé ça triste, car je suis moi-même un amateur de jeux vidéos, et j’ai vécu certaines des plus belles expériences hypnotiques de ma vie via ce support.
Je me souviens avoir pleuré la mort de Chloé lors de l’incroyable expérience narrative du jeu « Life is Strange », avoir combattu l’Empire aux côtés d’Ulfric Sombrage – comme si j’y étais vraiment ! – dans Skyrim, avoir vécu une expérience quasi-mystique avec Conan Exiles, être tombé sincèrement amoureux de la sorcière Yennefer dans The Witcher, etc.
Tous ces souvenirs sont aussi réels que ceux de ma vraie vie. Ils le sont peut-être même davantage pour certains… Les « Gamers » me comprendront.
« Je n’y ai jamais joué, mais je sais d’avance que je n’aimerais pas ».
Une reflexion sur soi
En repensant à cette affirmation, j’ai essayé d’élargir mon champs de réflexion. Est-ce que j’avais moi-même déjà prononcé une phrase similaire, peut-être sans m’en rendre compte ?
Avais-je déjà attristé (ou vexé) quelqu’un par mon apparente fermeture d’esprit ?
Certainement.
Je n’ai, par exemple, jamais été un grand fan de compétition sportive. À une époque, je rejetais même catégoriquement la compétition et affirmait haut et fort mon positionnement sur ce sujet.
Certainement qu’à cette époque, des amis fans de sport ont dû repenser à tous les souvenirs « hypnotiques » qu’ils avaient eu lors de tel ou tel match, tout comme je l’ai fait ci-dessus avec les jeux vidéos. Ils devaient se sentir tristes pour moi, pauvre non-initié qui ne connaîtrais jamais ces moments magiques, ces moments qui marquent l’inconscient pour toute une vie.
Exploration
Avec ma pratique de l’hypnose et mon exploration de l’inconscient, je commence à voir les choses bien différemment aujourd’hui.
Pour moi – et c’est le principe central en hypnose archétypale – l’inconscient est multiple et possède, en lui, tous les potentiels psychiques. Absolument tous.
Autrement dit, il n’est rien que nous « n’aimons pas », car toutes les productions culturelles de l’Humanité sont des projections, dans le monde matériel, des forces et des dynamiques immatérielles contenue dans un inconscient collectif partagé par tous les humains.
Si quelqu’un, sur Terre, aime quelque chose, c’est parce que cette chose entre en résonance avec une partie de son inconscient, avec l’un de ses archétypes. Et si j’ai l’impression de ne pas aimer cette chose, c’est simplement parce que l’archétype en question – cette partie de moi –, chez moi, n’a pas reçu autant de place et de considération que chez ce quelqu’un. Il est resté dans l’ombre, en arrière-plan. Mais ce n’est pas parce qu’il est resté dans l’ombre qu’il n’existe pas (tous les humains partagent les mêmes archétypes) : je n’ai juste pas conscience de lui et de ses désirs/besoins. Il existe, même dans l’ombre, et le simple fait de son existence implique qu’une partie de moi aime cette chose inconsciemment.
Nous aimons tout, car nous possédons en nous tous les potentiels psychiques à l’origine de toutes les productions culturelles de l’humanité.
Affirmer que nous n’aimons pas quelque chose est donc non seulement un mensonge que nous nous faisons à nous-même, mais aussi le musellement d’un archétype au fond de nous. Affirmer que nous n’aimons pas quelque chose, c’est renier une partie de soi. Et cela peut, à long terme, participer à une mécanique de refoulement, avec tous les désagréments que cela implique.
Une nouvelle habitude
Voilà pourquoi – depuis que j’ai pris conscience de cette dynamique intérieure – je prends peu à peu une nouvelle habitude : lorsque l’on me demande si j’aime quelque chose qui ne me parle pas, je réponds sincèrement que « je ne m’y connais pas bien ». Depuis que je le fais, je me sens beaucoup plus en Harmonie avec moi-même, mais aussi avec les autres.
Expérimentez et voyez ce que cela produit chez vous !
Note : je parle, dans cette article, uniquement des productions culturelles de l’humanité ; les productions politiques sont, à mes yeux, issues de dynamiques très différentes. Politique et culture peuvent, bien sûr, se mélanger : je fais appel au recul critique de chacun pour parvenir à démêler l’un de l’autre.