Une séance avec Sébastien, militaire en action de son état. 25 ans et passionné par son métier et par l’idéal de défendre et protéger les populations.
Ses qualités sont reconnues par ses pairs. Tant et si bien qu’il est sélectionné pour participer à une OPEX. Une OPEX sous forme de quasi-vacances à Dubaï. Les places sont ultra limité et nombre de ses collègues aimeraient tellement être à sa place.
Mais pas Sébastien…
Sébastien lui se sent mal, alors qu’il est qu’à 3 mois du départ. Phobie de prendre l’avion, d’être dans l’avion, d’être là-bas sur place. Un stress permanent qui lui retourne le cerveau et le ventre. Il est complètement perdu, il ne mange quasiment plus et dort encore moins, ça fait peur à sa compagne. Au boulot, il commence à faire des erreurs sur le terrain alors que ça ne lui est jamais arrivé.
Pourtant Sébastien n’a aucune pression : cet argent supplémentaire des 2 mois de pseudo vacances à Dubaï lui servirait juste à se faire plaisir en achetant une petite moto, son chef direct le soutien en voyant son état actuel et lui affirme qu’il peut sans aucun souci refuser l’OPEX, cela ferait plaisir à une autre personne qu’une place se libère… mais ça ne suffit pas à soulager Sébastien.
Sébastien rumine et tourne en boucle. Ce serait vécu comme une défaite pour lui, presque une honte de refuser. Après tout, on ne refuse pas ce qui est présenté comme une récompense.
Et en même temps, rien que le fait de penser prendre l’avion et de rester 2 mois sur place lui tord le ventre.
Quelques minutes de discussion plus tard, Sébastien me donne son explication consciente : il ressent comme une peur de l’abandon, une peur de la solitude sur place. Une peur qu’il ressent d’ailleurs même en dehors des OPEX… elle prend simplement ici beaucoup plus d’ampleur.
Il prend la décision de travailler sur ces peurs inconscientes plutôt que sur son départ en OPEX et les mots qu’on échange lui permettent de recadrer un point de vue clé : ne pas aller à cette OPEX ne serait pas une défaite, mais plutôt une vraie prise de responsabilité vis-à-vis de sa hiérarchie. Il en sera d’autant plus respecté par la suite.
Arrivé à ce stade, je sens que je n’ai pas encore le bon levier de changement pour travailler sur les peurs inconscientes d’abandon et de solitude. Il est temps de discuter avec l’inconscient pour savoir ce qu’il en pense.
Une de mes méthodes préférées entre alors en scène : le signaling (ou le swan, ou tout ce que tu veux comme nom, cela permet d’échanger avec l’inconscient tout en créant une transe partielle par dissociation).
Après avoir mis en place les signaux idéomoteurs pour le OUI, le NON et le JE NE SAIS PAS, je commence à poser quelques questions :
« Est-ce que tu sais pourquoi Sébastien est là aujourd’hui ? »
« NON »
Je lui explique la situation, il est prêt à nous aider. Il semble même savoir d’où cela vient.
Je mets mon habit de Sherlock pour dénouer ce mystère. Les réponses claires et volontaires de l’inconscient me donnent quelques indices :
C’est une fonction de protection (classique), ça concerne sa famille, ça a commencé pendant son enfance.
Je décide d’énumérer des âges pour qu’il me dise précisément quand cela a commencé : l’inconscient réagit fortement sur 4 ans.
Au fur et à mesure de l’échange, Sébastien est de plus en plus étonné de ce qu’il découvre et laisse par la même occasion toujours plus de place à l’inconscient.
Je me perds ensuite, je n’arrive pas à trouver ce qu’il s’est passé à 4 ans… j’enchaîne des séries de NON à toutes mes propositions. Puis me vient une idée…
« Est-ce que ça s’est passé la nuit ? »
« OUI » (forte réaction idéomotrice… on est sur la bonne voie)
« Une peur la nuit arrivée dans l’année de ses 4 ans ? »
« OUI »
« Un cauchemar ?»
« OUIIIIIIIIII »
« Et ses parents ne sont pas venus le rassurer, c’est ça ? »
« OUIIIIIIIIIIII »
À partir de ce moment, l’émotion est très forte chez Sébastien, il est parti progressivement dans une transe profonde. Il me dit pourtant n’avoir aucun souvenir de ce cauchemar ni rien. Peu importe, on continue avec l’inconscient.
Sébastien commence à serrer le poing plusieurs fois, à contracter le bras, je lui demande pourquoi : « Parce que ça devient trop fort, je sens que ma main veut partir dans tous les sens » « OK, laisse-la faire, laisse-là s’exprimer, laisse-là évacuer tout ça définitivement» (sous couvert de le rassurer, de l’encourager, je donne ici des suggestions directes à l’inconscient).
La poubelle de bureau apparaît dans mon champ de vision conscient (merci mon inconscient également 😉 ), je m’en saisit et propose à l’inconscient de Sébastien s’il veut jeter ce cauchemar qui le hante depuis ses 4 ans à la poubelle. C’est un grand OUI et la main se dirige brusquement vers la poubelle tendue et écrase à plusieurs reprises, violemment, ce cauchemar à l’intérieur.
Puis tout redevient calme, j’accompagne Sébastien pour l’émerge.
Il est apaisé et un peu hébété, complètement abasourdi par ce qu’il vient de se passer… il se sent tellement bien.
L’inconscient sait.
Puis Sébastien quitte mon cabinet, nous sommes maintenant entre nous chers amis académistes et je peux donc vous parler d’une composante essentielle à comprendre ici lorsque l’on travaille avec l’inconscient.
Y a-t-il eu réellement un cauchemar à l’âge de 4 ans ?
Qui sait ?
Et quelle importance cela a-t-il ?
Le principal ici, c’est que l’inconscient a trouvé cette piste (réelle ou inventé de toute pièce) pour aider Sébastien.
Nous ne sommes pas des chercheurs de vérité… mais des trouveurs de trésor à l’intérieur des personnes que l’on accompagne.