Autohypnose et opérations chirurgicales : mon témoignage

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Hernie number one : où l’histoire des œufs de fée

Avant d’apprendre l’hypnose, je me suis fait opérer pour une hernie inguinale, à l’aine.

Il s’agit d’une opération bénigne, qui ne dure qu’une trentaine de minutes et qui ne vous laisse que quelques petites cicatrices qui disparaissent bien vite. C’est, en tout cas, ce que l’on m’avait vendu.

Mais, lorsque je me suis réveillé et que je suis tombé dans les pommes en voulant aller aux toilettes, à cause des douleurs, je me suis rendu compte que quelque chose clochait. J’ai alors découvert que mon opération avait duré cinq heures, que j’avais fait une hémorragie importante, et que j’étais l’heureux gagnant d’une belle cicatrice de quinze centimètres.

Je n’ai jamais su exactement ce qui avait mal tourné durant l’opération, et là n’est pas le point de cette histoire. Ce qu’il faut retenir, surtout, c’est que, suite à cette opération, j’ai très mal cicatrisé et je ressentais une douleur aiguë en continu, un peu comme si quelqu’un me plantait lentement un couteau tranchant dans l’aine. Pas cool.

Un an après, la cicatrice (ou plutôt la plaie, car elle n’avait jamais vraiment cicatrisé) s’est infectée : elle s’était gorgée de pus et j’ai été obligé de me la faire rouvrir pour la désinfecter et la refermer proprement. La douleur, suite à cela, n’a été que plus intense.

Et puis, en parallèle, j’apprends l’hypnose, en Inde. Et j’ai, un jour, une discussion avec mon maître Santosh qui me marque à jamais.

« Ton inconscient, me dit-il, ne se soucie pas que les choses soient vraies ou non : ce qu’il veut, c’est des belles histoires, des histoires qui ont du sens. Si l’histoire qu’on lui propose ne lui plaît pas, si elle est incohérente, inachevée ou qu’elle présente des parts d’ombre, alors ton subconscient sera mécontent et il te le fera comprendre. »

L’histoire de mon opération présentait des parts d’ombre, elle était inachevée à mes yeux et incohérente par rapport à ce que les autres personnes vivent généralement lors de ce genre d’opération bénigne. Cette histoire ne me plaisait pas ; comment aurait-elle pu plaire à mon inconscient ?

Je décide alors, en me basant sur cet apprentissage, de faire un voyage intérieur pour réécrire cette mauvaise histoire et en faire une qui plaira à mon subconscient. Je me mets en transe, je plonge dans mon imagination, et je me rends compte à ce moment que je n’ai pas la moindre idée de ce que je vais bien pouvoir proposer à mon subconscient. Aussi, je m’adresse à lui, intérieurement :

« Inconscient, mon vieil ami : cette histoire d’opération et de douleur ne me plaît pas et elle ne te plaît pas non plus, je pense. Aussi, je t’offre de la réécrire de la façon qu’il te convient : tu as carte blanche ! »

Aussitôt, mon imagination s’active et je me mets à vivre une nouvelle histoire complètement folle que mon mental, si je l’avais pris en compte, n’aurait certainement pas envisagé, parce qu’elle lui aurait parue bien trop kitsch et absurde.

Je me vois dans une case africaine avec un vieux marabout noir, très souriant. L’homme me tâte le ventre et l’aine, à l’endroit de mes douleurs, et rigole :

« Mon frère, ce n’est pas une hernie que tu as : ce sont les fées qui ont pondu dans ton ventre ! Les embryons de fées sont arrivés à maturité et ils veulent sortir, c’est pour cela que tu ressens de la pression à cet endroit. Allons, aidons-les à éclore ! »

Il trempe alors sa main dans une potion qui rend celle-ci translucide et bleutée, comme si elle était devenue spectrale, puis, il passe ses doigts à travers ma peau et en ressort quatre bébé-fées qui déplient et sèchent leurs ailes avant de prendre leur envol, de tournoyer autour de nous, puis de s’échapper par l’ouverture de la case en riant.

Le vieux marabout referme l’ouverture à mon aine simplement en posant les doigts dessus ; on n’y voit aucune cicatrice, juste une zone très légèrement gonflée.

« Les chrysalides de ces jeunes fées vont rester dans ton corps quelques temps, jusqu’à ce qu’elles se dissolvent, me dit le marabout, tu sentiras parfois une petite gène, mais rien de plus. C’est quelque chose de très bien, en vrai, car cela te connectera avec le royaume des fées : à chaque fois que tu iras en forêt, tu ressentiras leurs énergies, et tu en seras « rechargé », ce qui te donnera la santé et la bonne fortune. »

Je sors de transe.

What the fuck !!!!!!? Des œufs de fée, sérieux ?

J’ai d’abord l’impression que mon inconscient s’est bien moqué de moi.

Jusqu’à ce que je me rende compte que la douleur a disparu. Elle a complètement disparu.

Et, quelques semaines plus tard, c’est la plaie, elle, qui a presque disparu. La cicatrisation, qui n’avait pas réussi à se faire en un an, s’est faite à la perfection, en trois semaines.

Aujourd’hui, huit ans plus tard, le seul vestige de cette opération est une petite marque d’un millimètre que l’on ne remarque que si l’on sait qu’elle est là. C’est plutôt pas mal, pour une plaie de quinze centimètres qui s’était infectée un an après l’opération, non ?

Depuis cette séance, je n’ai eu que deux ou trois fois mal à l’aine, parce que j’avais fait des efforts physiques trop importants. Mais, en dehors de ces rares moments d’excès, j’ai quasiment oublié cet ancien fardeau.

Tout ça grâce à des œufs de fée. Oui.

Car comme me l’avait bien expliqué Santosh, l’inconscient ne se soucie pas que les choses soient vraies ou non.

En fait, pour être plus exact, les notions de « vrai » et de « faux » (tout comme les notions de « passé », « présent » et « futur ») n’existent pas pour l’inconscient. Pour lui, tout est vrai, ou rien ne l’est, ce qui revient au même. Ce qui compte, c’est ce qui fait sens pour lui.

Hernie inguinale 2 : le retour

L’autohypnose pour améliorer la récupération après une opération

En 2019, suite à un effort physique excessif (soulèvement d’une cinquantaine de sacs de gravats dans la même journée), je me suis déchiré l’abdomen, ce qui m’a provoqué une nouvelle hernie inguinale, mais de l’autre côté cette fois, à l’aine droite.

Le médecin (un autre, car j’ai changé de ville entre-temps) me propose la même opération que celle que j’ai eue au côté gauche. Mais il y a une différence fondamentale, cette fois-ci : je connais l’hypnose, ce qui n’était pas le cas lors de ma première opération.

Je me prépare donc, en auto-hypnose, avant l’opération. J’explique à mon corps – ou plutôt aux parties de l’inconscient responsables de mon corps – que tout se passera bien, car les chirurgiens sont compétents et qu’ils savent parfaitement ce qu’ils font. Je lui demande l’autorisation de les laisser entrer dans mon corps, de découper dans certains tissus, de coudre dans d’autres et, surtout, de leur faciliter la tâche, en limitant au maximum les saignements et en laissant les muscles souples et détendus. Il me répond qu’il est OK. Puis je me fais diverses futurisations, dans les jours qui précèdent l’opération : visualisation de l’opération, du réveil après l’anesthésie, de la cicatrisation rapide, etc.

Je précise aussi à mon inconscient que les médecins, même s’ils sont très pros, sont parfois un peu lourdingues en tant qu’être humains : il se peut, lorsque je serais anesthésié, qu’ils fassent des blagues potaches sur moi, que j’entende des réflexions qui pourraient me poser problème, ou même qu’une classe d’étudiants en médecine débarque pour tripatouiller mon pauvre corps inconscient ; si quelque chose de ce genre devait arriver, ce serait OK, on l’accepte, on fait avec. J’ai appuyé sur ce point car cela m’était déjà arrivé, de par le passé, d’avoir des moments de lucidité en pleine anesthésie générale et de capter certaines discussions des médecins. En outre, l’hypnothérapeute américain Dave Elman met en garde face aux éventuels actes et paroles « potaches » des médecins durant l’anesthésie ; c’est, selon lui, l’une des première cause des traumas post-opératoires. D’après lui, l’inconscient continuerait d’enregistrer des informations durant l’anesthésie, il vaut mieux donc le préparer au pire, par sécurité.

Enfin, l’opération se passe, et elle se passe très bien.

Sauf une chose, car je l’avais totalement zappée lors de mes préparatifs auto-hypnotiques : l’intubation.

A mon réveil, je me sens bien et je me lève aussitôt pour aller aux toilettes ; un moment que je craignais un peu, car c’est là que j’étais tombé dans les pommes, après ma première opération, en raison des douleurs qu’avait provoqué la vidange de ma vessie. Mais, là, pas de souci, j’arrive à faire pipi tout seul, comme un grand ! (#fierté) En revanche, je me racle la gorge et cela me fait tousser : un gros jet de sang jaillit de ma bouche. Je vais vite me recoucher, car cette vision inattendue me fait un peu tourner de l’œil…

De retour chez moi, j’ai cicatrisé à une vitesse folle. En trois jours à peine, la plus petite des quatre incisions était presque invisible à l’œil nu. Mes proches n’en croyaient pas leurs yeux. Et je n’ai jamais eu de douleurs à l’aine suite à cette opération.

En revanche, j’ai craché du sang durant les deux semaines qui ont suivi l’opération. Cela m’a servi de leçon : il faut être le plus large possible dans ses suggestions, car il y a toujours un risque que l’on omette quelque chose. Dans mon histoire, j’avais complètement zappé l’intubation : lorsque j’avais visualisé l’opération, je m’étais imaginé dormir tranquillement, de façon quasi-naturelle. Mon corps a sans doute été désagréablement surpris de sentir l’introduction d’un tube en plastique dans ma gorge et a, de toute évidence, mal réagi à ce qu’il a considéré comme une « agression ».

Lithiase vésiculaire

Il y a deux semaines exactement, au moment où j’écris cet article, je me suis fait enlever la vésicule biliaire.

Je savais depuis deux ans que j’avais un (très gros) caillot dans la vésicule et que j’allais devoir, un de ces 4’, me la faire enlever. Mais j’avais travaillé dessus en auto-hypnose pour bloquer les douleurs, et cela avait tellement bien fonctionné que j’en avais presque oublié ce problème. Mauvaise idée ! Car la douleur est un message, et ce message doit être pris en compte. Je l’ai bien compris il y a deux mois lorsque les douleurs sont revenues en force et de façon amplifiée, comme si mon corps me disait « Non, mec ! Cette fois-ci, tu ne te défileras pas ! ».

Je reprends donc rendez-vous avec ma chirurgienne et nous fixons une date pour l’intervention. Cette fois-ci, je me prépare, en auto-hypnose, de façon « globale », sans oublier l’intubation et les autres actions inconnues ou imprévues qui pourraient avoir lieu durant l’opération.

De plus, je rencontre mon archétype responsable des fonctions organiques : « Lusan », un homme-arbre qui fait beaucoup penser à Sylvebarbe dans le Seigneur des Anneaux. Il met en place, dans mon corps, tout un système de racines mouvantes pour permettre de détendre les tissus musculaires, contenir les saignements, déplacer les organes, les remettre en place, et cicatriser les entailles de façon optimale. Idem pour la trachée : les « racines » doivent lubrifier et élargir ma trachée pour une parfaite intubation.

Dernier petit détail : juste avant l’opération, je m’imagine placer dans le caillot de ma vésicule tous les souvenirs/pollutions de toutes les fois où je me suis fait « trop de bile » pour des personnes qui n’en valaient pas la peine (car, lors d’une autre séance d’auto-hypnose, mon inconscient m’a dit que c’était là l’origine de ce caillot). Au passage, je promets à mon inconscient que je ne recommencerais plus, et que désormais les choses couleront plus facilement. Sans vésicule, pas le choix, de toute façon !

Enfin, l’opération a lieu, et tout se déroule parfaitement.

Après celle-ci, je suis rentré chez moi et je me suis senti bien.

J’ai eu quelques douleurs dans les jours qui on suivi, mais, à chaque fois que cela s’est produit, j’ai remercié mon corps, en lui disant que je lui faisais confiance pour qu’il fasse tout ce qu’il y avait à faire afin que la guérison soit la meilleure.

Après quelques jours, j’ai gratté et enlevé la colle chirurgicale qui « empêchaient mes cicatrices de respirer » (à ne pas reproduire chez soi!) pour pouvoir me mettre du miel – un excellent cicatrisant naturel – sur les cicatrices et les masser deux fois par jour, à chaque fois en remerciant et en félicitant mon corps pour son super boulot de guérison.

Et enfin, pour vraiment remercier mon corps, celui-ci a eu droit à un super week-end de détende au château de Beaulieu, avec repas gastronomique, massages, spa et sauna ! C’est bête à dire, mais j’ai vraiment l’impression qu’il a apprécié ce cadeau et qu’il m’en remercie ; je le sens, d’ailleurs, m’envoyer des petits chatouillis de bien-être, comme s’il ronronnait intérieurement, depuis ce week-end ; et je me sens merveilleusement bien.

Et, au fait, on ne voit déjà plus mes cicatrices.

Conclusion

Comme vous avez pu le voir à travers mon humble exemple personnel, l’auto-hypnose est un outil extrêmement utile et puissant pour se préparer à une intervention chirurgicale, pour dépasser un trauma corporel post-opératoire ou simplement pour accélérer et optimiser un processus de guérison.

Si vous êtes amené à devoir passer sur la table d’opération, ne zappez pas cette étape préparatoire ! Elle peut, littéralement, vous changer la vie.

Et si vous avez déjà été opéré et que votre corps ne s’est jamais vraiment remis de cette opération, peut-être, tout simplement, est-ce parce que votre inconscient n’a pas apprécié l’histoire de celle-ci : essayez alors de lui offrir une nouvelle histoire, qui lui convienne davantage, qui a du sens pour lui (Même si celle-ci peut paraître kitsch à souhait aux yeux du conscient et être construite à base de poussière de fée ou des pets de licorne !).

Enfin, pour résumer, j’aimerais rappeler ici les éléments qui, à mon sens, sont intéressants à aborder en auto-hypnose (ou en hypnose avec un patient) en guise de préparation à une opération :

  • Rassurer (les parties de l’inconscient qui gèrent) le corps pour lui faire comprendre que l’opération n’est aucunement une agression : les médecins connaissent leur boulot, on leur autorise l’accès au corps, ça va bien se passer même s’il y a des imprévus, et on le fait pour améliorer notre vie.
  • Préciser que même si les médecins sont des supers professionnels, ça reste des êtres humains, et qu’ils peuvent parfois dire des bêtises ou faire des choses indélicates ; et que si l’inconscient capte des choses de ce genre pendant que le corps est anesthésié (ou avant et après), eh bien c’est OK, on accepte, on fait avec.
  • Projeter l’inconscient en lui proposant plusieurs futurisations de l’opération et de la guérison lors de la période qui suit. Mais rester large dans ses suggestions, car on ne connaît pas toutes les procédures médicales et on ne peut pas tout prévoir à l’avance.

Puis, après l’opération :

  • Remercier son corps le plus possible et le féliciter pour son travail de guérison.
  • Lorsqu’il y a des douleurs, le remercier aussi pour le message, lui faire comprendre qu’on a bien reçu celui-ci, et lui dire qu’on lui fait confiance pour qu’il trouve les meilleures solutions pour optimiser la guérison. On peut aussi le rassurer en lui disant que, si le message devient trop intense (fièvre, nausées, etc.) on réagira à celui-ci, en allant consulter un médecin, par exemple.
  • Masser ses cicatrices avec du miel (remède de grand-mère!) et leur dire qu’elles sont belles et qu’elles guérissent vite ; car ça deviendra très vite vrai si vous êtes dans l’acceptation plutôt que dans le rejet.
  • Offrir un cadeau (massage, sauna, restaurant, tatouage, nouveaux vêtements, visite chez l’esthéticienne, etc.) à son corps vers la fin du processus de guérison, à la fois en guise de carotte et pour le remercier sincèrement du travail accompli.

Croyez-moi, votre corps vous en remerciera !

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