La petite histoire que je vais vous raconter s’est passée il y a à peu près sept ans.
A cette époque, je venais d’ouvrir mon cabinet d’hypnose en France, et je travaillais principalement sur la gestion de stress post-traumatique avec des militaires de retour de zone de conflit.
Mais je recevais des patients pour d’autres demandes également : arrêt du tabac, phobies, confiance en soi, etc.
Un jour, une dame, via le bouche à oreille, me contacte par mail ; elle m’explique qu’elle a soixante ans, qu’elle begaie depuis l’âge de quinze ans, et qu’elle a lu un article sur l’hypnose expliquant que ce type de thérapie pouvait régler les problèmes de bégaiement. Elle me demande donc si je peux l’aider. “On peut essayer” lui dis-je, “Mais, je vais être honnête avec vous, je n’ai encore jamais travaillé sur ce genre de problématique”.
La dame prend tout de même rendez-vous, elle vient au cabinet et nous faisons notre séance d’hypnose. Là, voyant qu’elle est en confiance, je décide de faire de l’hypnose archétypale avec elle. Je lui demande donc de se rendre face à la grande assemblée des personnages, ces archétypes qui incarnent toutes les parties de son inconscient, et de me trouver le responsable de l’éloquence. “Je le vois, me dit-elle, c’est un grand oiseau bleu”.
Nous saluons l’oiseau et j’autorise celui-ci de s’exprimer à travers la bouche de ma patiente. L’oiseau se met à me parler ; il me raconte l’histoire de ma patiente, ses difficultés pendant l’adolescence, sa perte de confiance suite à cette période compliquée, et enfin le bégaiement qui s’est installé progressivement, en elle, jusqu’à devenir un handicap quotidien.
Mais le plus intéressant, ce n’est pas l’explication que me donne cet oiseau bleu. Non. Car, je me rends compte, en écoutant celui-ci, de deux choses fascinantes : la première, c’est que ma patiente ne bégaie pas du tout lorsqu’elle incarne cet oiseau bleu imaginaire ; et la deuxième, c’est qu’elle est en train de me parler en vers. En vers ! En rimes ! Elle me fait de la poésie spontanée tandis qu’elle me raconte son adolescence ! Je suis bouche-bée, et je continue à l’écouter, sans rien dire, pendant plusieurs minutes, pour m’assurer que je n’avais pas halluciné. Mais non, elle continue bien à faire des rimes, naturellement, en me parlant. Incroyable.
Une simple séance d’hypnose n’a pas suffit à résoudre complètement le problème de bégaiement de ma patiente ; il en aura fallu quatre ou cinq en tout pour la libérer de celui-ci. Mais le simple fait qu’elle ait pu prendre conscience, à travers cet épisode, qu’elle avait, en elle, ces capacités cachées d’éloquence et de poésie spontanée lui a été d’une aide fabuleuse dans son processus de changement.
Et si je vous raconte, aujourd’hui, cette histoire, c’est pour que vous preniez conscience que, vous aussi, vous possédez cette capacité poétique en vous.
D’ailleurs j’ai testé ce postulat sur moi-même, en 2019, au cours d’une conférence sur l’hypnose devant 90 personnes. Pas de programme écrit d’avance lors de cette soirée, mais, en auto-hypnose, juste avant la conférence, j’avais donné la consigne suivante à mon inconscient : “Je veux que cette soirée soit poétique”. Or, lorsque j’ai commencé à parler de l’hypnose devant mon public, je me suis rendu compte que deux collègues rigolaient dans la salle ; et je me suis alors rendu compte du pourquoi de ces rires : j’étais, depuis le début, en train de parler en rimes. Je m’arrête, je rigole moi aussi, et j’explique au public ce qui est en train de se passer, la suggestion que j’avais donné à mon inconscient, etc. Et tout en expliquant cela, je continue spontanément à faire des rimes, et je ne parviens pas à m’arrêter ! Grands rires dans la salle – et splendide illustration de cette vérité dont je suis en train de vous parler.
Vous êtes beaucoup plus que vous ne le croyez. Vous possédez en vous cette capacité à la poésie spontanée. Et vous en possédez bien d’autres encore.
Bien sûr, vous avez certainement déjà entendu parler de ces histoires (réelles) de mères capables de soulever une voiture pour sauver leur enfant, ou d’autres histoires dans lesquelles l’instinct de survie a permis à des êtres humains de mobiliser en eux des ressources insoupçonnées pour accomplir des exploits surhumains. Mais si ces récits mettent souvent en valeur des exploits physiques précédés de bonnes décharges d’adrénaline, les ressources cachées de l’inconscient, en réalité, vont bien au-delà, et n’ont pas nécessairement besoin de situations d’urgence pour se manifester. Elles peuvent se manifester dans les rêves, dans les transes chamaniques, sous l’emprise de certaines drogues ou, comme nous l’avons vu avec l’histoire de “l’oiseau bleu”, au cours d’une transe hypnotique.
Vous êtes beaucoup plus que vous ne le croyez. Vous possédez en vous cette capacité à la poésie spontanée. Et vous en possédez bien d’autres encore.
Car votre psyché possède les mêmes ressources que celles de tous les autres êtres humains ; les mêmes “noyaux archétypaux”, comme on les appelle en psychologie des profondeurs, ou encore les mêmes “bulles d’énergies psychiques”. Et cela signifie qui si un être humain, sur cette Terre, est capable d’accomplir une chose, vous êtes capable d’accomplir une chose similaire. Si Léonard de Vinci est capable de peindre la Joconde, vous êtes capable de peindre la Joconde. Si un moine bouddhiste est capable de réguler la température de son corps et le rythme des battements de son coeur par la méditation, vous êtes capables de faire de même. Et si l’ingénieur japonais Akira Haragushi est capable de retenir les 100 000 premières décimales du nombre π, alors vous êtes capables d’en retenir tout autant. Car vous possédez les mêmes ressources inconscientes que ces personnes.
Alors pourquoi n’y avez-vous pas accès naturellement ?
A cause de la peur.
La peur de l’échec, la peur de l’erreur, la peur du regard de l’autre, la peur du jugement, la peur de réussir parfois aussi… toutes ces peurs sont des freins, des filtres, des barrières qui empêchent ces ressources inconscientes de parvenir pleines et entière jusqu’à la conscience pour se manifester dans le monde réel. La peur vous empêche d’accéder à ce que vous êtes véritablement, au plus profond de votre être. Elle fait de vous une fraction ridicule de vous-même.
D’ailleurs, une grande partie des apprentissages, dans la vie, pourraient se résumer à des procéssus permettant d’enlever, couche par couche, les filtres – tissés par la peur – qui vous empêchent d’accéder à ce que vous avez, déjà, en vous-même, pour vous en rapprocher au mieux.
Les individus que nous considérons populairement comme des génies ont presque tous ces traits communs : ils ne se laissent pas encombrer par la peur et ils cultivent une confiance extrêmement solide en leurs ressources intérieures. Mozart ne s’est jamais posé la question de s’il était ou non capable de composer des opéras, car ses parents l’ont toujours conditionné dans ce sens. L’historien Georges Dumézil, qui maîtrisait une vingtaine de langues anciennes, ne s’est jamais dit qu’il n’en serait pas capable. Et l’athlète qui gagne les jeux olympiques avait nécessairement dû croire qu’il les gagnerait pour pouvoir y parvenir.
Vous êtes tellement plus que ce que vous croyez.
Et justement, tout cela, c’est une histoire de croyance.
TOUT est une histoire de croyance pour l’inconscient.
Alors faites comme les “génies” ; ces simples humains comme vous et moi qui avaient juste intégré le fait que croire en soi permet d’accéder le plus justement possible, et sans filtre, à ses ressources intérieures, pour en libérer les potentiels. Croyez en vos ressources, car c’est là le premier pas pour y accéder ; faites confiance en vos capacités pour que celles-ci s’activent et s’expriment ; et libérez-vous des filtres de la peur afin que l’être véritablement que vous êtes puisse se manifester dans ce monde.
Et si ce recadrage de la grande caméra mentale vous paraît trop ardu, alors faites “comme si” vous aviez confiance en vos ressources intérieures. Faîtes “comme si” vous étiez des génies dans les compétences que vous souhaitez améliorer. Car pour votre inconscient, puisque rien n’est vrai et que tout est permis à ses yeux, “faire comme si” et “être” sont deux notions qui se confondent en une seule vérité : celle qui est porteuse de sens et que l’inconscient choisit de croire. Alors aidez votre inconscient à faire le choix de la bonne croyance, celle qui sera la plus utile pour vous ; votre vie, dès lors, deviendra aussi belle, harmonieuse et fluide que la poésie du grand oiseau bleu.